Le projet d'Elhadji Leye
Apparue à Wuhan (République Populaire de Chine) en novembre 2019, la COVID-19 a rapidement plongé le monde moderne dans une crise systémique inédite. Pour lutter contre sa propagation exponentielle qui a entraîné la saturation des systèmes de santé de nombreux pays, en particulier la France, des interventions diverses ont été conduites par les gouvernements. En France, les plus importantes ont été sans doute la restructuration de l’offre de soins pour se concentrer sur la prise en charge des cas symptomatiques, notamment via l’ouverture et la priorisation de nombreux lits de réanimation et les déprogrammations des interventions dites « non essentielles », mais aussi le confinement pour éviter la propagation rapide du virus et tenter de diminuer les immenses difficultés auxquelles devaient faire face les hôpitaux.
Ces mesures très contraignantes ne sont pas sans conséquences et ont certainement impacté directement ou indirectement la prise en charge d’autres pathologies en milieu hospitalier. C’est dans ce contexte qu’Elhadji Leye va étudier l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la prise en charge d'autres pathologies, notamment à l'hôpital. Elhadji Leye est financé par l'Initiative Économie de la santé de l’alliance Sorbonne Université. Son projet doctoral est conduit à l'Institut Pierre Louis d'Épidémiologie et de Santé Publique (UMR S 1136 Inserm / Sorbonne Université), sous la direction de Gilles Hejblum et Nathanaël Lapidus.
En s'appuyant sur des populations d'intérêt qui seront choisies par un Comité Scientifique, nous décrirons l’évolution du recours et de la consommation de soins hospitaliers, de la morbi-mortalité intra-hospitalière, de la durée et du coût des séjours hospitaliers, au cours de l’épidémie de COVID-19.
Le travail s'appuiera essentiellement sur le Système National de Données de Santé (SNDS), en particulier, le référentiel des bénéficiaires, les données de consommations individuelles (DCIR), les données d’hospitalisation (PMSI). Des sources complémentaires pourront être mobilisées.
Pour l’analyse, les données seront regroupées par semaine et par département (d'autres découpages spatio-temporels pourront être considérés). Nous utiliserons des modèles de comptage pour modéliser les données de 2016 à 2019, en intégrant les composantes saisonnières et séculaires, afin de comparer les indicateurs prédits pour les différentes phases épidémiques en 2020 selon ces modèles aux données effectivement observées. Alternativement, ces modèles pourraient être construits sur les données de 2016 à 2020, avec un coefficient estimant le nombre d’évènements associés à la période épidémique seule.
L'analyse médico-économique portera essentiellement sur le coût des séjours hospitaliers et adoptera la perspective du payeur (i.e. coût facturé du séjour). L’analyse adoptera les recommandations internationales CHEERS pour rapporter les études médico-économiques et suivra aussi les recommandations de la Haute Autorité de Santé. L’impact du COVID-19 sur le coût des séjours sera évalué en prenant en compte l’effet centre. Ces analyses détermineront les modifications séculaires des coûts observés entre les périodes observées en l’absence de COVID-19 dans les années précédentes (périodes contrôles), afin de mieux caractériser les modifications observées pendant la période per-épidémique (période cas) du COVID-19.
Ce projet doctoral s'inscrit aussi dans un cadre collaboratif dont l'acronyme est Covid-Hosp, et qui réunit le Centre Hospitalier Annecy Genevois, l'Institut Pierre Louis d'Épidémiologie et de Santé Publique (IPLESP), l'Unité "Mortalité, Santé, Épidémiologie" de l'Institut National d'Études Démographiques (Ined) et l'Institut de Recherche en Économie de la Santé (Irdes).